Olivier Cousin, vigneron de vins « nature », a été jugé hier
à Angers pour « pratique commerciale trompeuse ». 5 000 € d'amende avec sursis
ont été requis. Délibéré le 4 juin.
Un rassemblement crée l'animation autour
de tables de pique-nique, d'une barrique et de deux chevaux de trait. Hier,
devant le palais de justice d'Angers, quelque 250 vignerons et militants
trinquent en musique, mais surtout soutiennent Olivier Cousin, viticulteur en
biodynamie - culture qui respecte les sols et tient compte des cycles lunaires.
Un vigneron engagé, qui travaille avec ses chevaux depuis treize ans, à
Martigné-Briand (Maine-et-Loire).
Dans une salle comble, le vigneron à la
queue-de-cheval poivre et sel défend autant une tradition familiale qu'un
métier ancestral. « Mon produit, complètement artisanal, ne peut pas entrer
dans la catégorie des vins industriels. Et ne peut pas les concurrencer. »
Il doit répondre d'une série d'infractions, notamment liées au fait qu'il a
mentionné « Anjou » sur ses étiquettes de vin de table. Il cultive ses 4 ha de
vigne dans cette région, y produit son vin « sans sulfites, ni sucre ajoutés
». Mais « Anjou » désigne aussi une Appellation d'origine contrôlée (AOC).
« Depuis 1918, des gens se sont unis pour développer le produit, le
protéger. Comme les chasseurs se protègent des braconniers », plaide Me
Fouquet, qui sollicite 5 000 € pour la Fédération des viticulteurs de l'Anjou et
de Saumur et 1 € symbolique pour l'Inao (Institut national des appellations
d'origine).
Tromperie
Le procureur Valissant évacue toute « question
de qualité du vin. M. Cousin reconnaît les faits, mais se trouve en rupture, en
affrontement total avec la réglementation ». Il requiert 5 000 € d'amende
avec sursis pour avoir « trompé le consommateur».
Face à
ce que lui impose l'administration, le vigneron a l'impression de « se faire
voler un savoir-faire ». Les mentions « domaine », « propriété »,
Olivier Cousin les a aussi employés. Sans savoir, affirme-t-il, qu'ils étaient
réservés aux AOC.
« Des
mots confisqués », dénonce son avocat, Me Morain. Depuis, le viticulteur
les a remplacés par « maison » et « cave »... « Je cherche un moyen
d'étiqueter mon vin sans tomber dans l'absurde. » Son avocat parisien
insiste : « Il s'est amendé, a changé ses étiquettes en 2011. » Il
plaide la relaxe pour la « tromperie » et une dispense de peine pour des contraventions
relatives à des étiquettes non conformes.
Nathalie HAMON.
Source : Ouest-France, 6 mars 2014
Note du
CIPPAD : alors que M. Cousin
encourrait 37 500 € d’amende, l’avocat
de la Fédération des viticulteurs de l’Anjou et de Saumur également
conseil de l’Institut national des appellations d’origine a demandé
respectivement au titre de ces deux structures 5 000 € et 1 €, ?...
Pour rappel, la Biodynamie ne
repose sur aucun fait établi, mais sur les croyances ésotériques de l’anthroposophe Rudolph Steiner. A consulter également: Quand Rudolf Steiner expliquait des phénomènes qui n’existent pas.