Un « gang criminel » qui complote
depuis l'étranger pour provoquer sa chute. Des militants qui useraient de
méthodes de «pédophiles »... Recep Tayyip Erdogan n'a pas de mots assez
durs pour qualifier la confrérie de l'imam Fethullah Gùlen, un septuagénaire
reclus depuis 1999 dans une propriété sécurisée aux États-Unis d'où il dispense
à ses fidèles un islam résolument tourné vers l'Occident. Aux yeux du Premier
ministre, la confrérie, après avoir infiltré police et magistrature, serait à
l'origine des fuites récentes sur les affaires de corruption le concernant.
Fondée en Turquie à la fin des années 1970, Gülen se présente aujourd'hui comme
un regroupement de plus d'un millier d'écoles et de dizaines d'universités en
Turquie et à l'étranger, mais aussi de chefs d'entreprise et de puissants
médias, dont le premier quotidien turc, Zaman, contre qui Erdogan est
entré en guerre.
Une purge organisée
contre la
confrérie de l'imam
Gülen et Erdogan n'ont pas toujours été
en froid. Après son arrivée au pouvoir en 2002, le Premier ministre s'est
appuyé sur la confrérie... avant de décider de supprimer les écoles privées
dépendant d'elle. D'où le déclenchement des hostilités entre les deux hommes.
Erdogan, qui accusé la confrérie d'ourdir un complot contre lui, a ordonné des
purges de grande ampleur, qui ont notamment visé plus d'un millier de policiers
et plusieurs dizaines de procureurs chargés de superviser l'enquête anticorruption.
De son côté, dans un entretien accordé le 21 janvier dernier au Wall Street
Journal, Fethullah Gülen a accusé le gouvernement islamo-conservateur au
pouvoir d'avoir remis en question « le progrès démocratique » dans le
pays ces deux dernières années. A.D.
Source :
Le Journal du Dimanche, 30 mars 2014