Jusqu’au bout, Bernard Calamy a contesté avoir, entre 2001 et
2007, commis des viols sur ses victimes, alors qu’elles étaient âgées de 9, 10
et 20 ans. S’il admet les agressions sexuelles, c’est qu’il sait qu’il
n’encourt pour ces délits que 10 ans de peine maximum contre 20 ans de réclusion
pour des actes de pénétration.
Un bémol sur l’exécution de sa peine
L’avocat général a, à l’aube du troisième jour d’audience où
comparaissait le psychiatre de Sauve, requis 12 ans de réclusion en mettant un
bémol sur l’exécution de cette peine, vu son grand âge (76 ans, NDLR). Les
dispositions du Code de procédure pénale prévoient qu’il pourra très rapidement
prétendre à une libération conditionnelle.
"Elles étaient sous sa dépendance. Il leur imposait la
loi du silence" Serge Cavaillez, avocat général
Serge Cavaillez, pour asseoir ses réquisitions, insiste sur la
multiplicité des faits et la vulnérabilité des victimes. "Compte tenu de
leur âge ou de leur état mental, elles étaient sous sa dépendance. Il leur
imposait la loi du silence." Violeur et sadique, selon le représentant de
l’accusation, qui rappelle que, à Durfort où il exerçait en fin de carrière,
Bernard Calamy donnait des fessées à ses "adeptes" quand elles ne
respectaient pas ses prescriptions.
"Ce n’est pas un gourou"
Me Alexandre Berteigne,
avocat de Bernard Calamy
Emboîtant le pas à leur client, les avocats de la défense
plaident l’acquittement concernant les viols. "La parole de l’enfant est
sacrée jusqu’à un certain point. L’avocat général n’a pas établi la matérialité
des faits." Me Célestine Bifeck, avec beaucoup de conviction et de
minutie, rejette les accusations des victimes. "Pour l’une des victimes,
l’hymen est intact. Le médecin qui l’a examinée exclut toute pénétration, y
compris digitale ." Même mission pour Me Alexandre Berteigne qui met
l’accent sur le profil très particulier de l’accusé : "Un vieil homme mais
un psychiatre, donc coupable car capable de manipuler. Certes, il n’est pas
banal, pas formaté, son parcours est atypique. Il a passé sa vie à sortir des
toxicomanes du fossé... Ce n’est pas un gourou."
"Expériences entre adultes consentants "
Me
Alexandre Berteigne, avocat de Bernard Calamy
À propos des rapports sexuels proposés durant les séances de
yoga, l’avocat s’insurge : "Il s’agit d’expériences entre adultes consentants
dans une communauté post-soixante-huitarde", avant d’admettre pour Bernard
Calamy le seul statut d’éventuel "chef de harem", tout au plus.
Les jurés n’ont pas été de cet avis. Ils ont condamné Calamy à
douze ans de réclusion pour l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés.
Mercredi soir, le psychiatre, qui n’avait jusqu’alors pas
accompli de jour de prison, a été conduit à la maison d’arrêt.
DOMYNIQUE
AZÉMA
Source :
Midi Libre, 29 mai 2014,
http://www.midilibre.fr/2014/05/29/12-ans-de-reclusion-pour-le-psychiatre-de-sauve,867440.php