Samedi 5 juin 1999 sur le coup de 13 heures, il y a quinze ans jour
pour
jour, un commando conduit par Joseph, dit José, Bové cisaillait le
grillage
de clôture du Centre de Coopération internationale en Recherche
agronomique pour le Développement (CIRAD) à La Valette, près de Montpellier.
Devant les caméras de M6 et de FR3, il saccageait une serre de confinement dans
laquelle étaient conduits un projet européen de recherche sur les gènes du
riz
et une étude internationale sur la résistance du riz aux insectes. Ces travaux
étaient menés exclusivement sur fonds publics. José Bové était condamné à 6
mois de prison ferme.
Mercredi 2 juillet 2008, à la suite d’une énième
opération en bande organisée, José Bové félicitait publiquement« les faucheurs
qui ont été capables de neutraliser quatre parcelles d’essais » et ajoutait : «
Il reste quelques essais à travers le territoire. On va s’en occuper, le
travail devrait être fait ».
Dimanche 15 août 2010, sur le coup de 5 heures
du matin un groupe d’une soixantaine de « faucheurs volontaires »
s'introduisait dans l’unité de Colmar de l’Institut national de recherche
agronomique (INRA). Ils détruisaient 70 pieds de vigne avant d’avertir la
presse et déclarer : «
Nous avons agi
dans la non-violence ». Ces recherches avaient reçu l’avis favorable du Haut
Conseil des Biotechnologies tout comme l’autorisation des ministères de
tutelle. Ces délinquants, dont plusieurs multirécidivistes, étaient passibles,
au titre de « destructions de biens destinés à l’utilité publique », de trois
ans et demi de prison et 45.000 € d’amende (1).
Lundi 23 mai 2011, une escouade de quelques soixante « faucheurs
volontaires » investissait « pacifiquement » l’unité d’Angers de l’Institut national
de recherche agronomique (INRA) afin d’y effectuer une « inspection citoyenne »
et demander des comptes aux chercheurs de ce laboratoire (2).
Mercredi 14 mai 2014, les 54 « faucheurs » de
Colmar sont relaxés par la Cour d’appel de Strasbourg. Cette relaxe a suscité
indignation et incompréhension de la communauté scientifique, comme au cours de
l’été 2003, lorsque la destruction de dizaines de parcelles de recherche
publique comme privée avait amené plus de 2000 scientifiques à signer la
pétition « Défendons La Recherche » (3).
Lundi 19 mai 2014, le parquet général s’est pourvu en Cassation. Il
n’en demeure pas moins que l’égarement des esprits dont témoignent les attendus
de la Cour d’Appel de Colmar, faisant fi de la recherche scientifique et de
l’état des connaissances, est préoccupant.
L’Association
Française pour l’Information Scientifique (AFIS) fait sienne
la réprobation
voire la colère de la communauté scientifique face à ces agissements visant,
sous couvert de « citoyenneté », à anéantir les travaux des chercheurs pour des
raisons politiques. Elle salue et soutient sans réserve la tribune publiée par
les douze présidents et présidentes des organismes de la recherche publique
française et d’universités (4).
Avec eux,
l’AFIS affirme que « renoncer à expérimenter c’est refuser d’agir pour
améliorer notre avenir collectif ». Avec eux, l’AFIS appelle à sortir
« de cette
logique de la peur et du renoncement » face aux pressions. Avec eux, l’AFIS
demande aux autorités publiques qu’elles mettent en œuvre les mesures
appropriées pour la conduite sécurisée des travaux de recherche légalement
autorisés par les agences gouvernementales qualifiées, c’est-à-dire le respect
de la loi.
Communiqué de l'Association française
pour l'information scientifique - 5
juin 2014
(1) http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1435
(2) http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1715
(3) http://defendonslarecherche.free.fr
(4) http://www.cirad.fr/actualites/toutes-les-actualites/articles/2014/institutionnel/faucheurs-de-colmar-recherche-et-universites-alertent-leurs-concitoyens
Source : Association française
pour l'information scientifique (AFIS),
5 juin 2014