jeudi 30 avril 2015

Miviludes 2013 – 2014, Rapport au Premier Ministre


L’année 2013 a d’abord été marquée par les conclusions de la Commission d’enquête du Sénat sur « L’influence des mouvements à caractère sectaire dans le domaine de la santé ». Le rapport remis au président du Sénat le 3 avril 2013 a conforté notre analyse sur le déplacement des dérives sectaires vers les médecines ou plutôt les pseudo-médecines « alternatives ».
L’impressionnante série d’auditions a amené les sénatrices et les sénateurs à mettre en garde les pouvoirs publics, les professionnels de la santé et plus généralement le public sur l’existence d’un immense marché de pratiques thérapeutiques étranges dont certaines sont la porte d’entrée de dérives sectaires avérées.
On peut se féliciter que certaines des propositions de la Commission d’enquête sénatoriale aient déjà été reprises par le législateur : c’est ainsi que la loi du 22 juillet 2013 sur l’enseignement supérieur et la recherche a interdit l’usage du titre de docteur en médecine par les praticiens radiés. En ce qui concerne la formation professionnelle, autre champ d’infiltration des mouvements sectaires, la loi du 5 mars 2014 assigne aux OPCA une nouvelle mission de lutte contre les dérives thérapeutiques et sectaires.
La Miviludes a continué son travail de coopération pour mieux diffuser ses messages de vigilance et de prévention, en nouant des partenariats destinés d’abord à améliorer l’information des professionnels et du public sur les dérives constatées dans le domaine de la santé : c’est ainsi que des partenariats ont été signés avec l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, la Mutualité française et l’École des hautes études en santé publique de Rennes.
Ce travail de formation s’est élargi au réseau des écoles de service public, les conseillers de la Miviludes continuant à assurer de nombreuses séances de formation pour l’École nationale de la magistrature, les enquêteurs de la police et de la gendarmerie, les travailleurs sociaux, etc.
En application de son décret de constitution, la Miviludes a participé à quelque trente réunions en préfecture consacrées aux dérives sectaires et poursuivi son travail de coopération avec les ministères principalement concernés : intérieur, justice, affaires étrangères, éducation nationale, santé et affaires sociales.
Début 2014, la Miviludes a été sollicitée sur sa perception du phénomène de «radicalisation» à propos du départ de plusieurs centaines de Français en Syrie dont des mineurs.
La Mission avait, depuis plus d’un an, reçu plusieurs signalements, concernant en majorité des jeunes filles, enfermées dans des mécanismes d’(auto)endoctrinement, aidées par un réseau «amical» et des réseaux sociaux, avec comme conséquences l’arrêt des études et la rupture avec la famille et les amis.
Dans le cadre du plan gouvernemental de prévention de la radicalisation (numéro vert), la Miviludes apporte son expertise sur l’emprise mentale, contribue à la formation des écoutants et des fonctionnaires et participe au groupe de travail pluridisciplinaire qui s’est récemment mis en place.
Dans les enceintes internationales, tant à la conférence annuelle de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Varsovie qu’au Conseil de l’Europe, la Mission a tenu à affirmer la philosophie qui anime l’action gouvernementale depuis près de vingt ans en insistant sur le respect des croyances et des convictions mais aussi sur la nécessaire protection des victimes des dérives sectaires, en particulier des plus vulnérables comme les mineurs.
Cette activité importante menée par une équipe qui travaille à mes côtés, et que je souhaite remercier, a trouvé son point d’orgue lors d’un colloque qui s’est tenu au ministère de la Santé le 23 novembre 2013 devant plus de 200 participants ; consacré à l’analyse de « L’emprise mentale au cœur de la dérive sectaire : une menace pour la démocratie », il a été conclu par Manuel Valls, ministre de l’Intérieur.
Ce colloque nous a permis d’aborder la question difficile des nouveaux canaux de diffusion des théories prônées par des organisations, des groupes ou des individus dangereux et la nécessaire prévention et éducation au sens critique du public utilisateur d’Internet.
Face aux rumeurs, à la désinformation, au brouillage des repères, la Miviludes entend contribuer avec les institutions gouvernementales et ses partenaires associatifs dont il convient de saluer l’engagement, à la défense des valeurs démocratiques.
Serge BLISKO, Président de la Miviludes
Source  extrait du Rapport 2013 - 2014 de la Miviludes, Le mot du Président, pages 5 et 6, 30 avril 2015,
http://www.derives-sectes.gouv.fr/missions/actualites/rapport-de-la-miviludes-au-premier-ministre
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