mercredi 14 novembre 2012

Guérisseurs, magnétiseurs : qui sont-ils ? où sont-ils ?


Auréolé de mystère, le « guérisseur » fait partie de ces corps de métiers suscitant scepticisme et incrédulité. Dans notre région, nombreux sont ceux à les faire intervenir sur le chemin de leur santé. Rencontre avec une profession-des plus intrigante.
Le cabinet de Pierrick B. ressemble à s'y méprendre à celui d'un médecin. Mais il ne l'est pas. Dans la salle d'attente équipée de canapés confortables, les gens patientent dans un silence presque religieux, s'évitant du regard. Nous sommes à Thibouville, en pleine campagne, et les patients de Pierrick B., magnétiseur, n’ont pas trouvé cette adresse dans l'annuaire. Presque aussi connu que le château d'Harcourt, cet homme pas comme les autres s'apparente au bon filon que l'on se murmure au creux de l'oreille.
La maison des B., trouvable grâce à la file de voitures garées le long de la route, connaît cette activité depuis 1930. Le père, Robert B., a exercé le métier de magnétiseur jusqu'à son décès, en 1974. Sa femme assura ensuite le service jusqu'à ce que Pierrick soit en âge de reprendre le flambeau, en 1981.
Complément de la médecine
« Je compare toujours ça à la musique ou à la peinture, précise-t-il lorsqu'on le questionne sur son don. C'est la Nature qui choisit. » Dans le cabinet, aucun instrument médical. Pierrick vous invite simplement à vous asseoir sur une chaise et à vous détendre. « Le but est de soulager par le magnétisme, tient-il à expliquer. Les médecins guérissent, les magnétiseurs soulagent. Nous sommes un complément de la médecine ». Il demande toujours à ses patients de consulter un médecin ou un vétérinaire avant de venir le voir (car il lui arrive même de s'occuper d'animaux). Au quotidien, les patients viennent le trouver pour toutes sortes de maux : brûlures d'estomac, stress, épilepsie, cancer... « Sachant que je ne guéris pas le cancer, prévient-il. Je soulage juste les gens qui en souffrent, je fais en sorte qu'ils réagissent mieux aux traitements et qu'ils aient la force de se battre contre la maladie. » Selon lui, ce sont les bébés et les animaux qui bénéficient le plus de son énergie. « Parce qu'ils se laissent faire. On dit que c'est un métier psychosomatique. Il faut que la personne accepte de se laisser aller avant tout. »
Pas de spiritisme
La profession de magnétiseur, souvent mal considérée car inexplicable, fait parfois les frais de rumeurs discréditantes. Pierrick, lui, refuse de lier son activité à une quelconque croyance : « Ça n'a rien à voir avec le métier. Il faut rester les pieds sur terre. La maladie n'est pas un mal surnaturel, comme le font croire les charlatans. Ce n'est pas à confondre avec le spiritisme ! » Ses patients, eux, lui font confiance. Tous ont été conseillés par un ami, une mère, un oncle, un voisin... « On me trouve grâce au bouche à oreille. J'ai un panel très varié de patients : ce peut être un ouvrier comme un homme politique. Même un athlète au muscle froissé peut être remis sur pieds pour un match disputé le lendemain. » affirme Pierrick avec un sourire.
Corps et mental
« On prend en compte le corps et on travaille sur le mental. On va « désamorcer » la douleur sans se substituer au médecin » déclare Alexandra R., barreuse de feu à Feuguerolles. Son « don » pour le magnétisme a débuté très jeune, dès ses 8 ans. « J'ai demandé à une amie de ma mère qui avait les mains brûlées de me tendre celle qui était la plus abîmée, raconte-t-elle. Trois semaines plus tard, cette main allait mieux que l'autre. » Par la suite, elle se met à soigner sa famille et ses amis, ne pouvant renier le fait qu'elle a bel et bien «quelque chose en plus». « Quand quelqu'un se brûle, je coupe le feu, défi-nit-elle. Cela permet que la brûlure n'atteigne pas les couches inférieures de l'épiderme. » De ce fait, les dégâts dus aux brûlures sont moindres : ni marque, ni cloque, ni peau abîmée. « Le corps cicatrice plus rapidement qu'en passant par le traitement classique. J'indique au corps la démarche à suivre. » En parallèle, Alexandra exerce également l'activité de magnétiseuse. Sa façon de travailler diffère quelque peu de celle de Pierrick : « Comme je travaille sur l'ensemble du corps, je fais s'allonger la personne. Je travaille sur son énergie, je vais la réharmoniser pour que le corps puisse mieux fonctionner. »
Troubles du sommeil, tendinites, dépression... Quel que soit le mal, le magnétisme serait à les en croire l'une des clés permettant au corps et à l'esprit de se retrouver et, ensemble, de lutter...
Ophélie Bouin

Étiopathes, magnétiseurs, naturopathes : dans son excellent ouvrage « Guérisseurs, l'énergie de la guérison en France », Séphora H. donne une définition de chacune de ces spécialités et livre un répertoire de plus de 1000 adresses en France, dont 75 en Normandie et 10 dans l'Eure. • L'étiopathie : est une méthode thérapeutique mécaniste moderne qui consiste en une recherche de la cause mécanique, et non des effets (ex : ostéopathie).
• Le magnétisme : selon le rapport du professeur Desrobert, de l'institut médico-légal de Paris (1956), le magnétisme est « un agent physique d'une espèce particulière (...) qui peut être transmis à ceux qui sont malades par l'intermédiaire d'un magnétiseur qui en est surchargé ».
• La naturopathie : est un ensemble de méthodes de soins visant à renforcer les défenses de l'organisme par des moyens considérés comme naturel et biologiques (massages, hygiène de vie, oligothérapie, plantes.).
Enfin, Séphora H. indique quelques règles qui ne se substituent pas à la médecine : - le magnétisme est un complément à l'acte médical.
- le guérisseur ne doit jamais promettre de guérison.
- le praticien doit se renseigner pour savoir s'il existe un diagnostic médical.
- il ne peut pas prescrire de traitement médical.
- le prix doit être communiqué lors de la prise de rendez-vous.
- le guérisseur doit avoir un certificat de responsabilité civile professionnelle.
« On ne peut pas exclure
 la dimension psychologique »
Nombreux sont ceux qui ne jurent que par les magnétiseurs. Mais comment ça marche ? Nous avons demandé son avis à une psychologue qui a souhaité garder l’anonymat. « Bien entendu, on ne peut pas exclure la dimension psychologique. Le fait d’y croire et d’être motivé contribue à ce que ça marche. C’est comme dans tous les métiers, il y a des gens bien mais aussi des charlatans. Il faut être vigilant. Certaines personnes n’ont pas de médecin traitant. Ils ne consultent que leur magnétiseur en qui ils ont confiance. Ils savent qu’ils ne vont pas repartir avec une longue liste de médicaments. C’est très pragmatique. Je n’irai pas conseiller à quelqu’un qui fait une dépression d’aller voir un magnétiseur mais pour beaucoup d’autres pathologies, pourquoi pas. J’ai rencontré des gens qui étaient vraiment soulagés après. »
V. C.
Témoignages de patients
Magnétisme, leur solution
Pour Lydie, une jeune maman de 36 ans résidant à Thibouville, elle a trouvé en Pierrick B. l’aide précieuse dont elle avait besoin. Son deuxième garçon, âgé de six mois, souffrait alors d’une malformation dans la bouche, un cas grave nécessitant une lourde opération. « Il avait un gros trou dans le palais, il n’avait pas de luette, explique-t-elle. J’ai fait appel à l’un des meilleurs spécialistes qui lui a fait subir une greffe. Mais les sutures ont lâché. »
Suite à cet échec, le médecin décide d’une autre opération, ce qui inquiète Lydie : « Pour moi, c’était trop. En dés- espoir de cause, je suis allée voir M. B., sur le conseil de mes parents qui avaient connu son père. » En une seule visite, Pierrick B. a su rassurer Lydie sur l’état de son bébé. « Il l’a touché mais il m’a annoncé qu’en réalité, c’était moi qu’il devait voir, raconte-t-elle. Il m’a conseillé de nous faire davantage confiance, à mon garçon et moi, et que je devais cesser de trop m’inquiéter pour lui. Il avait remarqué le lien “mère-fils” qui nous unissait. »
« Docteur Bobo »
Trois mois plus tard, le trou dans le palais du bébé s’était en partie résorbé, à la grande stupéfaction du médecin spécialiste. « Il n’en revenait pas, il pensait que c’était impossible ! On a donc attendu que mon fils ait 18 mois avant de l’opérer de nouveau. Résultat : il n’a eu qu’un seul point de suture. »
Depuis, Lydie surnomme Pierrick B. le “Docteur Bobo”. « Avant, je pensais qu’il fallait être croyant pour venir le voir, confie-t-elle. Mais non ! Et il a les mots, il repère directement quand ça ne va pas : il connaît très bien ses patients, il tisse des liens avec eux. On sent qu’il exerce son métier par passion. »
Séance miracle
Marianne, elle, vient voir Pierrick B. depuis maintenant quinze ans. « Ma première visite, c’était pour mon chien. Il a été guéri, puis mon mari a eu un cancer en 2005. M. B. a permis qu’il souffre moins de la maladie, mais aussi du traitement. Lorsque mon mari est décédé, il est parti sans trop souffrir. Et tout ce temps, il avait paru moins malade que ce qu’il aurait pu être. » Désormais, Marianne vient tous les mois depuis cinq ans pour son arthrose. « J’en ai partout : les jambes, les épaules, les bras. Mais pour mes pieds, pour l’instant, c’est réglé ! » se réjouit-elle.
Quant à Christiane, c’est l’une des plus anciennes patientes du cabinet. Aujourd’hui âgée de 84 ans, elle a connu l’époque où le père de Pierrick B. officiait dans la maison. « J’avais vingt ans, je venais à pied depuis Beaumont-le-Roger avec ma grand- mère. Il y avait énormément d’attente ! J’étais gravement malade, je souffrais d’une pleurésie et ça n’en finissait pas. Donc ma grand-mère a décidé de m’emmener. » Christiane bénéficiait d’une séance de magnétisme tous les quinze jours environ. « Au fur et à mesure, on a constaté une amélioration. La maladie est partie définitivement après cinq mois en maison de repos. » indique-t-elle avant de s’exclamer : « C’est lui qui m’a sauvée ! ».
O. Bouin
Source : L’Eveil Normand, mercredi 14 novembre 2012
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