Le célèbre neuropsychiatre et président du conseil scientifique de
l’UFP explique au « Quotidien » les raisons qui l’amènent à défendre le centre
d’enseignement privé en santé.
BORIS CYRULNIK - J’ai déjà enseigné dans de nombreuses université
privées, au Portugal, en Amérique du Nord, en Colombie, où l’organisation et
les formations étaient de très bonne qualité. Les universités privées ont une
plus grande liberté et plus de souplesse que les universités publiques. Il y a
un an, les responsables du centre Fernando Pessoa m’ont demandé de participer
au conseil scientifique et j’ai accepté. Pour l’instant, je n’ai participé à
aucune décision mais je
pense que dans un an j’aurai un pouvoir de critique. Nous ferons un
premier bilan pour voir ce qui marche ou non.
Pessoa inquiète les professionnels de santé. Comprenez-vous cette
hostilité ?
Non, je ne la comprends pas mais on peut l’expliquer par leur
ignorance. Lors de la manifestation (le 15 mars dernier, NDLR), certains
étudiants portaient des pancartes nous reprochant de contourner le numerus
clausus. Mais il est déjà contourné ! Dix pour cent des étudiants vont
faire leurs études à l’étranger et reviennent s’installer en France. Leur
nombre va considérablement augmenter dans les prochaines années. Le processus
est déclenché depuis longtemps et ce n’est pas Pessoa qui en est à l’origine.
Selon vous le numerus clausus est-il caduc ?
Absolument. Le numerus clausus est responsable de ces départs
à l’étranger. Il est en train de bousiller la médecine. Il n’a d’intérêt ni
pour les médecins, ni pour les malades. Le concours est très sélectif et
beaucoup d’étudiants collés sont bons. On sélectionne au sabre et on élimine
des gens très compétents.
On sélectionne des perroquets, des gens capables d’apprendre et de
répéter vite. C’est absurde. Beaucoup de médecins généralistes ne trouvent pas
de remplaçants. Les pays étrangers sont très étonnés de notre mode de
sélection. En Allemagne, les études sont centrées sur la pratique et ne
reposent pas uniquement sur l’enseignement des professeurs d’université
publique. En Italie en Suisse, des médecins de ville encadrent les jeunes et
les contrôlent en petits groupes. Comment voulez-vous qu’on les contrôle en
France dans un immense amphithéâtre ? Il faut favoriser l’ouverture des études
de santé au privé.
PROPOS
RECUEILLIS PAR CH.G
Source : Le quotidien du médecin, 4 juillet 2013,
http://www.lequotidiendumedecin.fr/information/boris-cyrulnik-pourquoi-je-soutiens-pessoa
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